Suite à notre appel à témoignage d’anciens écoliers, certains élèves se sont prêtés au jeu.
C’est avec plaisir que nous vous faisons découvrir ce joli témoignage. Souvenir d’un élève du collège Saint-Maurille d’Angers.
« Les cours de chimie avaient lieu dans un bâtiment jouxtant l’ancienne chapelle. En cas d’intoxication, les premiers soins avaient lieu à l’infirmerie où régnait Sœur Marie-Rose.
En hiver ses doigts étaient ornés de fines bandelettes de sparadrap, pour protéger ses engelures, et en toutes saisons ses yeux paillonnaient vers le ciel. Anciens, souvenez-vous !
Vint le jour de l’étude du souffre et, pour nous convaincre du danger de ses vapeurs, le professeur nous invite à poser un nez méfiant au-dessus d’un morceau en fusion.
Le premier respire normalement, tousse, s’étouffe avant d’être accompagné à l’infirmerie.
Les tests, un moment suspendus, reprennent au retour de notre camarade.
Le bruit se répand que l’antidote est du «Whisky», mot magique en cet après-guerre. Nous sommes en 1949.
Alors sans vraiment respirer les dangereuses vapeurs de souffre, chacun se force à tousser ce qui suffit à l’envoyer à l’infirmerie dans l’espoir de quelques gouttes du divin breuvage.
Sœur Marie-Rose s’inquiète de son soudain succès et rend compte.
Lorsqu’à mon tour, ayant toussé, j’arrive à l’infirmerie, je suis accueilli par notre redoutable Supérieur, le chanoine Boulay, qui me taxe de simulateur et me prive de la sortie du samedi : dure pour un pensionnaire ! »
Arnaud de La Mettrie, qui avait alors 11 ans … et s’en souvient encore.