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Intervention de Monseigneur Ricard à la réunion du Comité d’Honneur de la Fondation Saint Matthieu

Conférence des Evêques de France
mardi 29 novembre 2016

Monseigneur Ricard, Archevêque de Bordeaux a prononcé un discours lors de la réunion du Comité d’Honneur de la Fondation Saint Matthieu pour l’Ecole Catholique:

LA MISSION D’ÉDUCATION DANS LA DYNAMIQUE D’ÉVANGÉLISATION DE L’ÉGLISE

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

Je souhaite ce soir vous partager quelques-unes de mes convictions sur l’importance de la mission d’éducation dans la dynamique d’évangélisation de l’Église. J’aborderai la mission d’éducation à partir de ce que l’Église met en œuvre dans son enseignement catholique, que ce soit dans ses établissements primaires, secondaires et supérieurs ou dans ses universités catholiques.

L’engagement dans l’éducation est partie intégrante de la dynamique d’évangélisation de l’Eglise.  Mais que mettre sous ces mots « dynamique d’évangélisation » ?

I – LA DYNAMIQUE D’ÉVANGÉLISATION DE L’ÉGLISE

Je partirai d’un souvenir, celui de l’intervention du cardinal BERGOGLIO lors de nos rencontres cardinalices de pré-conclave en 2013. Celui qui était alors archevêque de Buenos-Aires prit la parole pour nous dire : « L’Église ne doit pas ressembler à la femme recourbée de l’Évangile (cf. Luc 13,10-13). La femme courbée est malade, possédée par un esprit mauvais. Recourbée, elle ne regarde que son nombril. L’Église est cette femme recourbée quand elle se replie sur elle-même, ne s’intéresse qu’à son organisation, ne se préoccupe que de son animation interne. D’ailleurs, quand elle fait cela, elle tombe malade. L’Église, comme cette femme guérie par Jésus, doit se relever, sortir, se mettre en route, aller à la rencontre des hommes et des femmes, qui attendent mystérieusement une parole de salut. Elle doit être missionnaire ».  Plus d’une fois, celui qui est devenu le pape François a développé cet appel à la mission. Il plaide pour une Église « en sortie », qui doit aller dans les périphéries existentielles, là où les hommes et les femmes vivent, souffrent, espèrent, sont victimes de multiples formes de pauvreté, de précarité et de discriminations. Elle doit leur annoncer cette Bonne Nouvelle qu’ils sont aimés.

Si j’avais à résumer en quelques mots le message du Christ dans l’Évangile, je dirais : Le Christ est venu dire à tout homme : «Tu es aimé. Qui que tu sois, quel que soit le jugement que les autres portent sur toi ou que tu peux à certains jours porter sur toi-même, dis-toi que tu es aimé, que tu es aimé gratuitement. Tu es le fils, la fille, bien-aimé, du Père. Laisse-toi aimer. Et si tu accueilles en toi cet amour, tu feras l’expérience qu’il est une puissance de transformation. Il te donnera paix, joie, confiance, amour, force et courage. Si tu es aimé, tu es invité à aimer, à rayonner cet amour autour de toi, à recevoir les autres comme des frères qui te sont donnés par Dieu ». Cet Évangile annoncé, il n’est pas seulement communication d’une connaissance, il est vie. Il est force de transformation. Il est une puissance de salut qui concerne la personne tout entière, dans toutes les dimensions de sa vie personnelle et  de sa vie relationnelle et sociale.

De l’enseignement des papes récents sur l’évangélisation, je retiendrais sept convictions :

  • L’évangélisation ne se réduit pas à la communication d’un savoir, d’une doctrine, elle est au service d’une action transformante de Dieu qui touche tout l’homme.
  • Ce salut touche l’homme dans toutes les dimensions de son être. Développement et éducation sont des participations à cet acte de salut.
  • Ce service gratuit de l’homme (pour l’aider à grandir dans cette vie que Dieu nous donne) permet à l’évangélisation de ne pas tomber dans le danger d’un prosélytisme intempestif souvent dénoncé par le pape François.
  • L’évangélisation ne saurait être pensée comme une simple stratégie de communication, où il faudrait placer un produit et gagner des parts de marché. Elle jaillit de l’expérience de foi. C’est parce qu’on a rencontré le Christ et que l’on a découvert ce qu’apporte son amour qu’on a envie de le faire connaître. La foi se communique moins par prosélytisme que par contagion. Elle s’offre à travers un témoignage qui touche le cœur, une passion qui se communique.
  • L’évangélisation n’est pas réservée à des spécialistes. Tout baptisé doit devenir « disciple-missionnaire
  • L’évangélisation s’adresse à tout homme, à tous les hommes. C’est la dynamique d’une Église qui vérifie la qualité évangélique de son accueil. Mais c’est aussi la dynamique d’une Église qui « sort », va à la rencontre, s’adresse à ceux et à celles qui spontanément ne viendraient pas à elle. C’est une Église du dialogue, de l’invitation, du chemin parcouru ensemble (comme ce compagnonnage du voyageur mystérieux sur le chemin d’Emmaüs).
  • L’évangélisation appelle l’annonce explicite. Nous avons à rendre compte de l’espérance qui est en nous (1 Pierre 3, 15),

II – L’ÉDUCATION COMME SERVICE DE LA FORMATION DE LA PERSONNE

Quand nous réfléchissons à la mission de l’éducation dans la dynamique de l’évangélisation, il nous faut tout d’abord résister à une double tentation :

  • Réduire l’évangélisation dans nos établissements à la présence de la catéchèse, aux moments de propositions explicites de la foi et aux temps de célébrations, à l’existence d’une aumônerie sur le campus. Même si ces réalités sont fondamentales et doivent être au cœur de nos propositions, l’évangélisation par l’éducation ne s’y réduit pas. Le service de la formation intégrale des enfants et des jeunes dans nos établissements, des jeunes hommes et des jeunes femmes dans nos universités est une des composantes fondamentales de l’évangélisation. Et il y a une certaine gratuité de ce service, à l’image de cette gratuité de l’amour de Dieu pour nous.
  • Réduire l’évangélisation à la constitution ou au soutien de réseaux protecteurs, d’établissements où on pense protéger des enfants ou des jeunes catholiques d’une contamination extérieure. Ce sont des établissements catholiques pour catholiques qui cultivent le entre soi social et religieux. Nous ne sommes plus là en présence d’une Église « en sortie », accueillante à tous, missionnaire, allant à la rencontre  de tous ceux qui n’appartiennent pas à son rassemblement. De plus, on peut s’interroger sur ce que peut donner comme fruits dans l’avenir une éducation en vase clos.

Une Église en « sortie » est une Eglise qui se met au service de la personne humaine. Elle se veut par l’éducation au service de la croissance, du développement et de la formation de tout enfant et de tout jeune. Elle se veut également au service de tous les enfants et de tous les jeunes.  Aucun ne doit être exclu de sa sollicitude. Or, l’éducation est aujourd’hui confrontée à deux défis, celui de l’utilitarisme et celui de la sélection sociale. On réduit l’ambition éducative à l’apprentissage d’un savoir, à l’acquisition des connaissances nécessaires pour réussir des examens et pour se préparer à la vie professionnelle. De plus, un certain nombre d’établissements, de par le monde, semblent viser surtout à former une élite en s’adressant en priorité à des milieux sociaux privilégiés.

Lors du Congrès qui s’est tenu à Rome, à l’occasion du 50ième anniversaire de la promulgation du texte conciliaire Gravissimum educationis  et du 25ième anniversaire de la Constitution Ex corde ecclesiae (sur les Universités catholiques), le pape François a demandé de faire face à ce double défi. Il a prôné :

  • une éducation intégrale, qui s’adresse à toute la personne du jeune : son intelligence, son affectivité, sa volonté, sa relation aux autres, sa vie en société, son intériorité, son ouverture à la transcendance et sa relation à Dieu. L’apprentissage de l’esprit critique, celui d’une véritable liberté et l’amour de la vérité font partie également d’une authentique éducation chrétienne.

On sait aussi qu’un jeune développe ses potentialités s’il se sent aimé, s’il sent qu’on espère en lui, qu’on l’estime. Don Bosco a été en ce domaine un éducateur hors-pair.

La dimension sociale de l’éducation doit être aussi honorée. Comment apprend-on à vivre ensemble dans notre société ? Comment, dans une société plurielle et pluraliste, peut–on vivre ensemble malgré ou à travers nos différences. Cela implique la connaissance de l’autre. Je souligne là l’importance de la connaissance des différentes religions, la formation de la conscience du bien-commun, l’apprentissage de la fraternité, le sens de la solidarité,  d’un engagement au service des autres, la conscience de la citoyenneté et l’ouverture à l’universel (je crois qu’aujourd’hui, nous avons plus besoin de réapprendre l’amour de son pays que de prôner une laïcité crispée et suspicieuse !)

  • une éducation ouverte à tous. Le Statut de l’Enseignement catholique au n° 10 le rappelle nettement : « Au service de l’homme et de son éducation, l’Église manifeste qu’elle porte sur toute personne un regard d’espérance. Conformément à la mission qui lui a été confiée par le Christ, elle s’adresse à tous les hommes et à tout homme ; aussi, par choix pastoral, l’école catholique est-elle ouverte à tous, sans aucune forme de discrimination». Elle doit l’être tout particulièrement à l’égard des plus défavorisés, des plus pauvres, des élèves ou des étudiants en difficulté.  Le pape François rappelle aux Congrégations religieuses enseignantes que c’est surtout au service des milieux populaires qu’elles sont nées. Il leur dit : « N’oubliez pas que vous êtes nées dans la rue ! N’hésitez pas à y retourner ! Cela d’ailleurs renouvellera votre charisme ». On peut d’ailleurs noter à ce propos que beaucoup de charismes de fondation de congrégations religieuses ont eu une dimension puissamment évangélisatrice.

Qui ne voit que cette éducation intégrale, personnelle et sociale repose sur une certaine conception de l’homme, celle qui est liée à la foi chrétienne. Je crois qu’il est important aujourd’hui d’être au clair sur ce qu’est une véritable anthropologie chrétienne. Être au clair sur cette anthropologie et sur ses fondements me paraît être de nos jours une des composantes fondamentales de la dynamique d’évangélisation.

III – L’ÉDUCATION COMME INVITATION A ENTRER DANS L’EXPÉRIENCE CHRÉTIENNE

Il me paraît vital aujourd’hui d’expliciter les fondements de cette anthropologie, de dire sur quoi se fonde cette conception de l’homme, à savoir l’expérience chrétienne, c’est-à-dire l’amour du Père révélé en Jésus et communiqué dans l’Esprit.

On ne peut, me semble-t-il, se contenter aujourd’hui de faire référence à quelques valeurs humanistes, même si on les appelle évangéliques. Lors de notre Congrès à Rome, un participant a fait remarquer que Saint Paul n’aurait jamais transformé l’Évangile en de simples valeurs. Pour lui, l’Évangile n’est pas un idéal. Il est la révélation d’un don. Il est puissance de salut, pour le juif d’abord, pour le païen ensuite. Je me rappelle ce que Paul Ricœur  affirmait. Il disait que les « valeurs » auxquelles nous faisons référence sont comme des fleurs coupées. On les a coupées de leurs racines. Elles risquent du coup d’avoir une existence assez éphémère. De plus, la fraternité aujourd’hui a un prix, le sens des autres,  avoir le sens du bien commun est exigeant. Ils demandent don de soi, sacrifice, combat spirituel. Tout cela rend plus nécessaire aujourd’hui l’accès à une source où l’on puisse se désaltérer, se ressourcer et trouver des forces neuves.  Il faut nommer et proposer la Source, celle dont parle Jésus à la Samaritaine : « Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissante pour la vie éternelle » (Jn 4, 14).

Il me paraît important d’avoir dans nos établissements catholiques des temps et des moments où se fait une annonce explicite de la foi chrétienne. Si nous pensons, comme dit la Constitution conciliaire Gaudium et spes, n° 22,  que c’est dans le Christ que se révèle la vraie nature de l’homme, il faut confesser notre foi, annoncer et déployer le dessein de salut de Dieu. Événements, fêtes, temps forts, célébrations, semaines d’évangélisation peuvent être des moments privilégiés pour une telle annonce. Certes, la liberté de conscience doit être respectée, ainsi que le respect des autres croyances religieuses, mais cette attention ne doit pas se transformer en mutisme sur la foi ou en recherche du plus petit dénominateur commun (d’où la tentation d’en rester à la référence à quelques valeurs humanistes dont je parlais plus haut). Je pense qu’il est important également que des éducateurs acceptent de livrer les raisons profondes qui les poussent à s’investir dans cette œuvre de transmission et qu’ils puissent dire où ils puisent cette passion de transmettre.

L’évangélisation appelle également un approfondissement de l’intelligence de la foi. Il est important, comme le disait l’apôtre Pierre, d’être prêts à rendre compte de l’espérance qui est en nous à quiconque nous le demande. Cela suppose que nous soyons au clair sur ce que nous croyons, sur nos raisons de croire, sur la façon dont nous rendons compte de notre foi aux autres, y compris à ceux qui ne la partagent pas. Cela suppose également que nous soyons au clair sur notre anthropologie, sur les raisons de notre éthique et de nos réponses éthiques. La catéchèse, les rencontres, les conférences-débat, les propositions de parcours d’éthique ou d’anthropologie dans l’enseignement  supérieur peuvent être des lieux de cette intelligence de la foi. Dans les universités, il revient à la faculté de théologie d’aider à cette intelligence.

Je souligne là l’importance du dialogue entre la foi et la raison.
D’autant que l’évangélisation implique, non seulement l’évangélisation des personnes, mais aussi celle des cultures, c’est-à-dire des mentalités, des modes de penser et d’agir. Il est très important que nous soyons présents par nos activités d’enseignement et de recherche dans ces nouveaux aréopages de notre société actuelle.

C’est de cet enracinement dans la foi et dans l’expérience chrétienne que nos établissements catholiques et nos universités catholiques tirent ce qui fait leur identité la plus profonde. Or, cette identité est aujourd’hui confrontée à deux défis redoutables : le risque d’une sécularisation interne et celui du relativisme.

  • le risque de sécularisation interne. Le recrutement de nos établissements et de nos universités a changé. Nous voyons arriver un certain nombre de jeunes ou d’étudiants qui n’ont pas eu un itinéraire chrétien. Leur motivation pour s’inscrire dans nos établissements n’est pas d’abord confessionnelle. Un certain nombre de familles qui s’adressent à l’enseignement catholique le font souvent pour des raisons qui sont loin d’être religieuses. Un certain nombre d’enseignants ne sont pas pratiquants ni même croyants. Cette situation peut être vue comme une chance pour l’évangélisation. Chacun est accueilli dans le respect de ce qu’il est, mais il pourra aussi être en contact avec la proposition de la foi chrétienne. Et de fait, nous voyons, dans un certain nombre d’établissements, des enfants et des jeunes qui font une réelle démarche de foi. Le nombre de baptêmes d’enfants et de jeunes pendant leur scolarité en est une des expressions.

Mais, s’il n’y a pas dans ces établissements, dans ces écoles ou facultés, une communauté de foi porteuse et convaincue, il y a un risque très réel de sécularisation interne. On cherchera alors le plus petit commun dénominateur. On parlera plutôt de valeurs humanistes. La catéchèse sera timide, devra se faufiler dans quelques failles de l’emploi du temps (parfois pendant le temps du repas). On voudra rivaliser avec les établissements publics ou les universités d’état avec le risque de mimétisme et donc de perdre son originalité.

  • Le risque du relativisme. Dans nos sociétés, beaucoup pensent que l’approche de la vérité ne peut être que partielle et personnelle. Chacun a sa vérité et il nous faut simplement apprendre à vivre ensemble. C’est pourquoi la référence à la « tolérance » a tant de succès aujourd’hui. Je crois qu’une des composantes de l’évangélisation aujourd’hui est le service de la vérité, cette confiance profonde que nous avons dans l’approche possible d’une objectivité, dans la recherche de la vérité. Devant la fragmentation du savoir, où chacun risque de s’enfermer dans sa discipline, et parfois dans son secteur extrêmement pointu de recherche, il est important d’aider au décloisonnement, à la recherche interdisciplinaire, à l’unité du savoir, car ce qui est en jeu c’est bien le service de l’homme dans la totalité de son être et de son rapport au monde.

On voit combien la contribution de la mission éducative de nos établissements catholiques à la dynamique de l’évangélisation est diverse et plurielle.

IV – L’IMPORTANCE D’UNE COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE ET ECCLÉSIALE

Ce service de la personne humaine et ce témoignage donné à la foi ne sont possibles que s’il y a une communauté éducative et ecclésiale qui en porte le souci et qui se sait chargée de les mettre en œuvre. Même si l’évangélisation a ses pionniers et ses témoins charismatiques, elle est fondamentalement ecclésiale. C’est la communauté des disciples de Jésus qui, à  travers la qualité de ses relations fraternelles et de sa communion, est appelée à donner visage à l’Évangile, un Évangile accueilli et vécu.

Dans nos établissements catholiques et nos universités, c’est la communauté éducative et ecclésiale qui reçoit cette mission. Encore faut-il que cette communauté existe. Cela suppose un certain nombre de relations, de convictions communes, de projets portés ensemble entre différents acteurs : responsables des établissements, enseignants, élèves, étudiants, familles, membres du personnel. L’élaboration d’un projet éducatif, d’un projet pastoral, d’une charte d’établissement, de propositions de formation peut grandement aider à avoir une âme commune, à sentir que l’on est entré ensemble dans cette grande aventure de l’éducation.

Une telle communauté présuppose en son sein des personnes qui ont été touchées par la rencontre personnelle avec le Christ ressuscité et qui ont envie de le faire connaître. Le pape François souligne combien l’évangélisation doit être portée par des disciples-missionnaires. Dans l’Enseignement catholique, ce sont les chefs d’établissements qui ont la responsabilité de la mission pastorale. Ils doivent être en première ligne de ces disciples-missionnaires. Je redouterais que certains, trop pris par des tâches administratives de plus en plus lourdes, désertent de fait cette responsabilité. C’est,  alors, le tonus missionnaire qui risque d’en pâtir. Or, les chefs d’établissement ont une vraie mission d’évangélisation. Le Secrétaire général de l’Enseignement catholique, Pascal BALMAND, écrivait : «Dans une société sécularisée comme l’est aujourd’hui la société française, mesure-t-on suffisamment, par exemple, le fait que pour bien des familles qui font le choix de l’Enseignement catholique, le chef d’établissement constitue parfois le premier voire le seul visage d’Église auquel elles ont explicitement accès ? » (L’école catholique dans la mission de l’Église, Lumen Vitae, 2015, n° 3, p.318).

Cette communauté qui veille à l’identité catholique de nos institutions d’enseignement ne saurait cependant fonctionner comme une secte ou un groupe confessant fermé. Il peut y avoir plusieurs modes d’appartenance à cette communauté. Certains, par exemple, même s’ils ne vont pas jusqu’à faire leur la profession de foi chrétienne, peuvent tout à fait se retrouver dans le service d’éducation dont j’ai parlé plus haut et dans la conception de l’homme qu’il met en œuvre. Même s’ils ne l’expriment pas ainsi, on peut dire qu’ils apportent leur concours à la dynamique d’évangélisation de l’Église.

La qualité des relations entre les membres de cette communauté éducative et ecclésiale est fondamentale dans le témoignage à donner à l’Évangile. Les actes doivent accompagner les paroles et le témoignage dans la vie la confession de foi. Le dialogue, l’accueil mutuel et la bienveillance sont fondamentaux. Chacun doit se sentir accueilli, pouvoir s’exprimer et partager ses joies, ses préoccupations, ses difficultés. Le Concile Vatican II rappelle qu’il revient à cette communauté ecclésiale de « créer pour la communauté scolaire une atmosphère animée d’un esprit évangélique de liberté et de charité » (Gravissimum educationis, n° 8). Je signale aussi que la pratique de la doctrine sociale de l’Église doit également inspirer les relations sociales entre tous les membres de nos établissements. L’évangélisation intègre cette pratique comme une de ses composantes.

Cette communauté ne sera ecclésiale que si elle reste ouverte sur une dimension plus large de l’Eglise : solidarité avec d’autres établissements ou universités (nul n’est une île !), vigilance de la tutelle (congréganiste ou diocésaine), participation à la vie de l’Église diocésaine, communion au sein de l’Église universelle. La relation au prêtre référent, à l’évêque, au chancelier, est constitutive de cette communion missionnaire.

Je conclus : A partir de sa pratique éducative, l’Église a su dans le passé manifester le dynamisme de sa vie missionnaire. Aujourd’hui, nous l’avons noté, elle est confrontée à un certain nombre de défis. Ces défis ne sont pas uniquement des menaces. Ils peuvent au contraire être des chances, parce qu’ils obligent à faire émerger des énergies nouvelles. Je suis sûr que, dans l’avenir, l’Église saura, à partir de cette même pratique éducative, écrire encore de belles pages sur ce grand livre de l’évangélisation.

Jean-Pierre cardinal RICARD
Archevêque de Bordeaux
Président du Conseil épiscopal
Pour l’Enseignement catholique

 

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